Impressionnisme

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L'impressionnisme est une école picturale française qui se manifesta notamment, de 1874 à 1886, par huit expositions publiques à Paris et qui marqua la rupture de l'art moderne avec l'académisme. Tendance générale, en art, à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses.

Préambule

Dès sa création, sous le règne de Louis XIV en France, l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture privilégiait l’enseignement du dessin. Car celui-ci pouvait se définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constituait la référence à l’idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.

Ce sont les avancées successives de la science qui, progressivement, apportèrent une meilleure connaissance de la constitution de la lumière blanche. La décomposition de la lumière par le prisme de Newton (1642-1727) va ouvrir la porte à la théorisation des rapports de couleurs. Un cadre conceptuel est ainsi créé que d’autres chercheurs approfondiront (Buffon, 1707-1788, notamment).

Mais, en France encore, ce fut le chimiste Chevreul (1786-1889) qui, par ses travaux à la Manufacture royale des Gobelins, arriva à mettre en évidence et à quantifier les rapports des couleurs par sa loi du contraste simultané des couleurs de 1839: « dans le cas où l’œil voit en même temps deux couleurs qui se touchent, il les voit les plus dissemblables possibles » et la conséquence de cette loi : « lorsqu’une des deux couleurs est la complémentaire de l’autre, elles doivent différer davantage ». On touche ici aux propriétés organoleptiques des couleurs. En 1881, le physicien américain Ogden Rood publie en français l’ouvrage « Théorie scientifique des couleurs, ses applications à l’art et à l’industrie », paru en anglais deux ans plus tôt.

Cette nouvelle vision aura un impact important sur les scientifiques et aussi sur les artistes. Des peintres rebelles au carcan de l’enseignement académique (l’influence d’Ingres, 1780-1867, dessinateur incomparable, est manifeste sur les sensibilités du milieu artistique de l’époque) vont se laisser tenter par cette ouverture dans un domaine jusque-là non maîtrisé scientifiquement. Ils vont expérimenter les oppositions de couleurs primaires et complémentaires pour exalter la pureté des coloris et ainsi donner un éclat plus lumineux à leurs toiles.

Le mélange optique dans l’œil va remplacer le mélange des pigments sur la palette (surtout chez les néo-impressionnistes). La couleur, chez ces peintres, accédait à la primauté des moyens de création. C’est par la juxtaposition des couleurs pures en touches fragmentées qu’ils voulaient arriver à créer ce qui jusqu’alors était attendu uniquement du dessin : la composition, le volume, la perspective, la traduction des émotions.

Les impressionnistes étaient nés. (voyez aussi http://www.fernand-verhaegen.be, rubrique « Chroniques artistiques »).

 

Origine

Inspiré par le Britannique William Turner et l'Américain Whistler, Monet joue un rôle important dans la genèse de cette nouvelle peinture.
« Du soleil dans la buée et, au premier plan, quelques mâts de navire pointant. » Monet appelait ça « une chose », faite au Havre, de sa fenêtre. Après l'avoir adressée à l'exposition de 1874, il fut bien embarrassé quand on lui demanda un titre pour le catalogue : « Ça ne pouvait vraiment pas passer pour « Le Havre » ; je répondis : ' Mettez Impression.' On en fit « Impressionnisme » et les plaisanteries s'épanouirent. »
Louis Leroy, critique d'art au Charivari, dans un article acerbe envers le tableau, créa le terme d'impressionniste que les peintres du groupe reprirent à leur compte lors de leurs expositions suivantes.

 

Méthode

Claude Monet, La Grenouillère, Metropolitan Museum of Art, New York
Claude Monet, La Grenouillère, Metropolitan Museum of Art, New York

Les peintres impressionnistes, qui se veulent des réalistes, choisissent leurs sujets dans la vie contemporaine, dans un quotidien librement interprété selon la vision personnelle de chacun d'eux. Travaillant « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Boudin ou Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie heureuse saisie dans la particularité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques (et dévoyée par les académistes), d'un beau idéal et d'une essence éternelle des choses. Pissarro et Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Guillaumin, Cassatt, Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourrut avant la reconnaissance du mouvement.

Impression, soleil levant
Impression, soleil levant

L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du néo-impressionnisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France et à l'étranger comme Jean Peské. Le terme gagne la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes  : Ravel, Dukas, Satie, Roussel, etc. Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.

L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est basé sur la mythologie, et de l'art roman destiné à diffuser une idéologie. Citons en exemple le tableau Olympia de Manet qui explore un thème traditionnel mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine de l'époque et le peintre travaille uniquement la peinture (Couleurs). Cet « amimétisme » (vision non réaliste) fera sa naissance avec l'art moderne.

 

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